jeudi 13 novembre 2008

Le 12 novembre 2008, pour mémoire

Chronique (Jeudi 13 Novembre 2008)
Par :Mustapha Hammouche

Pour l’Algérie, le 12 novembre restera comme un funeste anniversaire. Une négation de plus du 1er Novembre. Le pouvoir peine à dissimuler l’intention autocratique de cette régression, la plus explicitement rétrograde parmi celles, nombreuses, subies depuis 1962, du fait qu’elle s’en prend à un principe démocratique formellement consigné dans la Constitution.L’énormité du recul et la flagrance de l’intention se mesurent déjà à la longue hésitation, aux “multiples consultations” et à l’incohérence de l’argumentation politique.Les élections ne font pas la démocratie. Plus que la Tunisie ou le Zimbabwe, l’Algérie le confirme depuis au moins une décennie. Mais il y avait ce verrou constitutionnel que constituait l’article 74, aujourd’hui chassé comme une prescription intruse dans la Constitution d’un système prêt à souffrir la norme devenue universelle de l’élection, à condition qu’elle serve à légitimer l’arbitraire.Le Chef du gouvernement, chargé de dire la messe, a été très clair : “L’opposition ne prendra pas le pouvoir.” Une telle sentence, scandaleuse dans le principe, exprime la réalité de la situation politique : de l’aveu même du pouvoir en place, le “débat” sur l’article 74 ne concerne que lui. Le maintien de l’article 74 n’aurait pas menacé la survie du régime qui contrôle aussi la modalité d’alternance aux fonctions politiques.C’est justement là que le bât blesse : la Constitution a été modifiée pour des raisons pratiques. La question étant non pas de maintenir le régime, mais de maintenir le même Président. Mais il se trouve que ce qui est une formalité pour mettre en œuvre un choix autoritaire, il fallait violer un acquis démocratique incontournable en l’état de la Constitution d’avant le 12 décembre.C’est donc bien une nouvelle constitution, dépourvue de toute limite à l’absolutisme régnant, que nous avons hérité du vote parlementaire d’hier. En troquant la voie référendaire tant affectionnée jusqu’ici contre un vote maison, le régime abandonne le césarisme des dernières années pour un absolutisme assumé. Il accentue ainsi ses dispositions discrétionnaires, preuve qu’il a bien enregistré sa rupture avec le peuple, annoncée par l’’abstention massive aux dernières élections législatives et par les divers mouvements, étouffés ou non, de protestation populaire. Pour imposer ses choix, le pouvoir a été contraint à une trituration à huis clos et pratiquement à la sauvette du texte fondamental. Pour être ainsi contraint à gérer par successifs faits accomplis, c’est qu’il ne doit pas être rassuré sur sa politique, et encore moins sur sa popularité.La confusion du discours officiel sur les motivations réelles de cette révision ajoute à ce sentiment que le doute est plus du côté du régime que de ses détracteurs.Le 28 novembre 1996, le peuple avait fait un grand pas à la démocratie en votant l’article 74 de la Constitution. Le 12 novembre 2008 aura vu le Parlement, élu aux termes de la Constitution de 1996, faire un bond en arrière de treize ans à la démocratie algérienne.Il est peut-être utile d’enregistrer le fait accompli. Pour mémoire.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Slt Amina,
c'est Jugurtha alias Theonlyone.
Pour commencer je tiens à te féliciter pour ce blog que je trouve intéressant. J'epprouve le même sentiment de fièrté à chaque fois que je parcours le blog d'un(e) compatriote car c'est un moyen d'expression démocratique qui peut faire des ravages sur le net comme le blog de Hoggar. Evidemment que ce jour du 12 novembre restera dans les annales comme le jour ou un assoifé de pouvoir a sacrifié la démocratie d'une jeune nation sur l'hotel de ses ambitions voraces. Je prie Dieu que tout ce passera bien et qu'il y aura pas de fusion de sang et que ces pantins finiront par se rendre à l'évidence que le peuple algérien en a assez de leur autorité et de leur abus.
moi aussi je tiens un blog de finance à cette adresse http://lefinancier.unblog.fr/
Au plaisir de te revoir.

Delicesnco a dit…

Bonjour Jugurtha,
je te remercie pour le commentaire laissé sur mon blog. Je joins mes prières aux tiennes pour que ce pays puisse voir un jour meilleurs.
cordialement
Amina