mercredi 24 septembre 2008

Mchi, je suis pressé

Mchi, je suis pressé
par El-Guellil

Les transports - un véritable fléau - pas assez développés. Trop bondés. Inconfortables. Un maillage qui tient plus de l’improvisation que du calcul arithmétique. Des horaires fantaisistes. Calés sur les impératifs du chauffeur et des contrôleurs. Voire parfois de la famille ou des connaissances. Notre fort n’est pas l’organisation ou le bon sens. Tout le monde est d’accord sur ce point de vue. Le problème s’accentue la nuit. La nuit, pas de bus. On ne sort pas sauf en taxi et encore. Il faut prendre le numéro de portable du taxieur si on ne veut pas se condamner à rentrer à pied ! Il faut être rapide et avoir une grosse voix pour héler avant tout le monde un taxi. Beaucoup d’entraînement pour cela. Une fois au stop, celui-ci est pris d’assaut par les plus souples.

Ils s’engouffrent sans un ouf dans la voiture. Les femmes âgées sont très agiles à ce jeu. Pliées en deux, elles se redressent au moment opportun où la portière s’ouvre. Et vlan, elles lancent leur jambe dans l’habitacle. Ceux qui ont réussi vous regardent depuis leur siège comme pour vous toiser avec un léger sourire de vainqueur. Un gaz vous asphyxie, vous êtes KO. Non fair play. Ils sont heureux de vous avoir doublé. Le bus, c’est aussi la promiscuité. On entend les conversations des uns et des autres. Les feuilletons saccadés par les arrêts sont repris le lendemain aux mêmes heures et mêmes endroits. Certains l’empruntent pour se divertir. Font plusieurs fois le tour de la ville. Les circuits n’ont plus de secret pour eux. Les dates et heures de certains habitués non plus. L’été, c’est mieux. On prend l’air à travers les vitres lorsque l’allure se fait vive. Une fois, j’ai pris un bus privé qui faisait le centre jusqu’à l’université en périphérie de la ville, j’ai cru entrer dans une boîte de nuit mobile - new génération - avec du raï à tue-tête. J’ai même pensé à un nouveau concept importé. Le bus suivait le rythme même dans les virages. Loupant les arrêts demandés. Les voyageurs le suppliaient de réduire le son puis de repartir puis de s’arrêter à bonne destination. Le chauffeur «jeune», les lunettes de soleil ajustées sur le nez. La vue basse. Il s’arrête à chaque croisée de bus collègue pour faire un brin de causette à travers les vitres. Coiffé d’une responsabilité dépassant les espoirs de sa mère qui fièrement annonce la profession de son fils à qui veut ou pas d’ailleurs la connaître. «Oueldi chauffeur de bus kbir». Lui, le chauffeur, il est heureux - il se sent libre - il se sent utile. La corporation nous aide, pour l’instant, à compter nos morts sur les routes. Comptons donc et comptabilisons les accidents de la circulation et, pourquoi pas ? Lançons une pétition pour supprimer les routes. Allez tous en piste !
http://www.lequotidien-oran.com/?news=5109628

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